Description du projet géothermie Saint-Gall

Dans le cadre du projet d'exploration GeoBest, le Service sismologique suisse (SED) effectue la surveillance sismologique du projet de géothermie de la ville de Saint-Gall. Pour ceci, le SED, en collaboration avec les ateliers municipaux de Saint-Gall, a installé six nouvelles stations sismologiques dans la région. L'objectif de cette surveillance consiste à détecter d'éventuels petits tremblements de terre (microséismes) aux alentours des forages profonds, et de déterminer s'ils sont provoqués par le projet géothermique ou s'ils sont d'origine naturelle. Par ailleurs, des données de base importantes pour une meilleure compréhension de la géothermie sont collectées dans le cadre du projet, un trésor d'expérience indispensable qui devrait permettre de garantir une sécurité de planification pour les autorités cantonales et les exploitants de futurs projets géothermiques.

Le projet de géothermie lancé en 2003 à Saint-Gall prévoyait de produire de l’électricité en utilisant l’eau circulant naturellement dans des aquifères situés à une profondeur supérieure à 4000 mètres. Des projets comparables sont menés avec succès dans le sud de l’Allemagne, où les forages se font sur les mêmes masses rocheuses.

Il existe déjà, dans le sous-sol, des zones de perturbation qui présentent une perméabilité élevée et offrent ainsi des conditions idéales pour des systèmes hydrothermaux. Un modèle sismique en 3D a permis d’identifier dans le Sittertobel un site adapté pour des travaux de forage. On a préféré choisir une zone de perturbation dont le potentiel sismique a été qualifié de faible par les exploitants et par les Services industriels de Saint-Gall, au vu de l’activité sismique passée.

En amont des travaux de forage, le SED a installé à des fins de surveillance un réseau sismologique composé de sept stations: six à la surface et une dans un puits de forage.

Les travaux de forage ont débuté au début de l’année 2013 et les premiers essais et simulations ont eu lieu en été de la même année. Le nombre et la puissance des microséismes provoqués ont été conformes aux attentes et imperceptibles pour la population. Le soir du 19 juillet 2013, l’activité sismique a commencé à augmenter, les tremblements de terre se sont produits plus fréquemment et sont devenus plus forts. Le système de feux tricolores, en tant qu’élément au cœur du dispositif de précaution, a été utilisé pour déclencher une alarme jaune après une première secousse d’une magnitude de 1.6. Une telle alarme prévoit un arrêt immédiat des opérations de pompage. La contre-pression était néanmoins trop forte en raison d’une montée de gaz dans le puits de forage, ce qui représentait un danger potentiel pour toute l’installation. Les opérations de pompage ont donc été maintenues. La sismicité a continué à augmenter et a atteint son point culminant le matin du 20 juillet 2013 avec un séisme perceptible de magnitude 3.5. Cela correspond à une intensité de IV. Le séisme a clairement été ressenti par la population, mais très peu de dommages ont été signalés, par comparaison avec celui de Bâle.

Puis, comme prévu, l’activité sismologique a continué à décroître, mais a de nouveau connu une progression à partir du 16 septembre 2013 lors des préparatifs des essais de production. Pendant cette période, 232 microséismes ont été enregistrés au total; le plus fort s’est produit le 2 octobre 2013 et a atteint une magnitude de 2.0. Depuis le début des tests de production le 15 octobre 2013, lors desquels du gaz et de l’eau ont été prélevés du sous-sol, l’activité sismique a diminué de façon sensible. Seuls quatre événements de faible amplitude ont été enregistrés par le SED depuis lors. Ces microséismes sont probablement des répliques du séisme du 2 octobre 2013 et n’ont donc pas nécessairement de lien direct avec le test de production.

Selon l’état actuel de nos informations, ces séismes ont un rapport direct avec les mesures engagées pour combattre la fuite d’eau et de gaz constatée le 19 juillet 2013. Des taux de sismicité accrus apparaissent essentiellement lors de l’injection de liquides dans le sous-sol, alors que le pompage fait en général diminuer les taux de sismicité, dès lors qu’il n’entraîne pas une consolidation importante des sédiments. La réaction sensible d’une zone de perturbation à des modifications de la pression de pore est un indice d’une zone qui présente des tensions tectoniques critiques et, partant, une probabilité plus importante qu’un séisme se déclenche.

Les Services industriels de Saint-Gall ont achevé la première phase de leur projet de géothermie une fois les essais de production terminés. Le projet a ensuite été définitivement annulé en 2014, après de nouvelles analyses. Les Services industriels de Saint-Gall ont justifié cette décision en invoquant «la combinaison d’une quantité d’eau trop faible, d’un risque sismologique accru ainsi que d’un dégagement de gaz imprévu dans les masses rocheuses concernées».

Pour obtenir une chronologie détaillée de la sismicité dans le cadre du projet de géothermie de Saint-Gall, veuillez consulter cette page.

Les informations sur la surveillance en temps réel de la sismicité induite à Saint-Gall sont disponibles ici.

La sismicité induite par le projet de géothermie de Saint Gall détectée par une analyse manuelle a posteriori du SED. La ligne rouge du graphique inférieur montre la magnitude à partir de laquelle on considère que tous les tremblements de terre sont détectés (limite de complétude). Cette analyse a posteriori a permis de détecter plus de 800 microséismes (voir graphique supérieur). Au deuxième trimestre 2013, pour lequel cette analyse a été effectuée, la limite de complétude des séismes détectés a pu être abaissée à ML-0.4. Pour le reste de cette période, l’analyse automatique en temps réel du SED a atteint une limite de complétude de ML 0.7.

SG Seismicity