16/06/2025

Le SED supervise les tests de stimulation du projet de géothermie à Haute-Sorne (JU)

Le canton du Jura a délivré, le vendredi 13 juin, l’autorisation pour les tests de stimulation dans le cadre du projet géothermique à Haute-Sorne (JU). Ces tests consistent à injecter de l’eau sous pression dans le sous-sol par le forage de reconnaissance achevé l’été dernier. Celle-ci se répand à quelque quatre kilomètres de profondeur dans les roches environnantes. Ces stimulations ont pour but de déclencher de nombreux petits séismes bien en dessous du seuil de perceptibilité. Les ondes sismiques ainsi provoquées doivent fournir une image détaillée du sous-sol local et montrer son degré de perméabilité. Le processus est surveillé de près par différentes méthodes de mesure

Lorsque l’eau est ainsi forcée dans le socle cristallin, les contraintes locales sont modifiées. En général, cela déclenche de petits séismes imperceptibles. Ceux-ci servent d’outil important pour ouvrir les fissures existantes à travers lesquelles l’eau pourra circuler et se réchauffer dans le réservoir ultérieur. Les tests de stimulation doivent aider l’exploitant, Geo-Energie Jura, à déterminer la perméabilité de la roche et la manière dont cette propriété évolue avec la quantité d’eau injectée. On peut en tirer des conclusions précieuses pour une éventuelle mise en œuvre du projet de géothermie profonde. Si les tests de stimulation s’avèrent prometteurs, un deuxième puits, encore un peu plus profond, sera foré et celui existant sera élargi latéralement. La condition préalable est que le canton du Jura approuve la continuation du projet.

Le Service Sismologique Suisse (SED) à l’ETH de Zurich effectue une surveillance sismique de base indépendante pour le projet de géothermie profonde, dans le cadre du programme GEOBEST2020+ financé par l’Office fédéral de l’énergie (OFEN) et d’un accord avec le canton du Jura (voir Géothermie Haute-Sorne). Pour ce faire, le SED a densifié son réseau sismique dans ce canton. Tous les événements enregistrés dans la région sont immédiatement publiés par le SED sur les listes et cartes sismiques du site web du projet, à partir de l’analyse automatique des données. Parallèlement, les autorités cantonales compétentes et l’exploitant reçoivent une notification automatique. Ensuite, les sismologues du SED vérifient s’il s’agit effectivement d’un tremblement de terre. Ils contrôlent le lieu exact et la magnitude et les corrigent si nécessaire. Pendant les tests de stimulations, le SED examine en outre chaque séisme enregistré pour déterminer dans les 48 heures s’il a été provoqué (induit) par la stimulation ou s’il est d’origine naturelle (voir « Comment le SED catégorise-t-il les séismes naturels et induits ? »). La catégorisation s’affiche dans la liste des séismes dans la colonne « Type d’événement ». 

Les petits séismes imperceptibles obtenus par les tests de stimulation fournissent des informations essentielles au porteur du projet  pour actualiser l’évaluation du risque sismique et estimer la rentabilité du réservoir potentiel. Ces stimulations s’effectuent selon un protocole de sécurité pré¬établi , comme cela est d’ailleurs prévu pour la stimulation ultérieure, plus importante, du réservoir effectif. Si des valeurs limites prédéfinies sont atteintes, les tests de stimulation seront adaptés ou arrêtés. L’objectif est d’éviter que des séismes d’une ampleur indésirable, voire des séismes perceptibles, ne se produisent. Pour ce faire, Geo-Energie Jura utilise non seulement les données des stations SED, mais aussi les enregistrements de ses propres capteurs. Il s’agit notamment de sismomètres installés directement dans le puits, à l’endroit où l’eau est injectée en profondeur. On peut donc supposer que Geo-Energie Jura enregistre avec ces capteurs de très petits événements (avec des magnitudes dans la plage négative), qui se situent nettement en dessous du seuil de détection du réseau du SED d’environ 0.1 (MLhc).